Le blog

Bientôt l’auto-salariat ?

Cette semaine, je sors du cadre éditorial pour pousser un coup de gueule (mesuré mais qui vient du fond du cœur tout de même J).Sur les listes de discussions des journalistes français, de plus en plus d’internautes alertent les professionnels des médias sur un nouveau phénomène qui touche les journalistes. Il semblerait (mais une véritable enquête reste à réaliser) que certains directeurs de publication demandent aux futurs embauchés de se « transformer » en auto-entrepreneur. Un dernier post (daté du 17/09) dévoile même le cas d’un rédacteur en chef exerçant à temps plein pour un titre sous le statut d’auto-entrepreneur.

« Je travaille depuis près d’un an avec un nouveau magazine parisien et dès le départ le rédac chef de ce magazine m’a demandé de mettre en auto-entrepreneur (AE). J’ai refusé et argumenté que je pouvais à la limite accepter un paiement en Agessa (je suis photographe) mais j’ai jamais en AE. Quand je lui ai demandé comment lui était payé il m a dit que c’était en AE alors qu’il a un bureau pour le magazine et travaille à plein temps pour ce titre !!! »

  • Pour rappel,  un titre de presse (qui a le statut d’entreprise de presse) ne peut en aucun cas faire facturer des prestations à ses contributeurs.  Ce dernier emploie des journalistes, qui sont salariés, et qui bénéficient donc des mêmes droits qu’un employé lambda. Qu’ils soient à temps plein à la rédaction ou à la pige.
  • En revanche, certains sites web, dont la plupart proposent de l’info-divertissement et n’ont pas demandé le fameux statut d’entreprise de presse, peuvent se permettre de rémunérer des rédacteurs en micro-entreprise, SARL ou auto-entreprise.

Mais là où le bat blesse c’est lorsqu’un journaliste, qui n’a aucune velléité entreprenariale, se voit contraint d’accepter ce statut sous peine de ne pas obtenir un travail. N’oublions pas que dans le terme tout trouvé d’Auto-entrepreneur, il y a le mot « ENTREPRENEUR ».  Croyez-vous réellement que les quelques 500 000 Français (voir chiffre acoss) qui se sont déclarés auto-entrepreneurs depuis la création du statut en janvier 2009, avaient tous un vrai projet d’entreprise ? Croyez-vous vraiment que ces milliers d’hommes et de femmes se sont réveillés un matin en se disant « Allez, je me lance, terminé le salariat, je veux devenir mon propre patron ! ». Permettez-moi d’en douter…

Attention, je ne suis pas en train de remettre en cause l’idée d’un statut qui, par le biais de démarches simplifiées et de charges allégées en début d’activité, a permis à un bon nombre de créateurs de se lancer plus sereinement dans l’aventure entreprenariale.

Il est clair que l’esprit d’entreprendre doit encore être développé en France mais pas à n’importe quel prix.

Pas au prix de transformer des salariés en entrepreneur d’un jour qui, pour quelques miettes, prennent le risque de perdre leur droit, le fil de leur carrière, et leur stabilité familiale et financière.

Oui, c’est la crise ! Oui, le chômage n’a pas fini d’être le sujet de discussion préféré des français ! Oui, la France a besoin d’entrepreneurs ! …
Mais ne serait-il pas plus judicieux de développer enfin de vrais programmes d’aide à la création d’entreprise, avec un véritable suivi, un soutien en cas d’échec et un cadre administratif- social clair et efficace?

Alors, pour tous ceux et celles qui n’aspirent pas vraiment à être leur propre patron,  résistez, ne tombez pas dans le panneau, et continuez vos recherches pour avoir le poste de vos rêves !


NB : avant de fermer mon PC, je précise que je ne parle pas des salariés qui ont choisi ce statut pour déclarer des petites activités commerciales qui mettent un peu de beurre dans les épinards. (notamment le petit commerce sur e-bay ;-)

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

One Response

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *